Paradise Police, la lourdeur ne tue pas
- Axel
- 23 oct. 2018
- 4 min de lecture
Des personnages, clichés (volontairement?) mais attachants, du sexe, de la violence, de la drogue, non je ne parle pas d'une nouvelle saison de Banshee mais bien d'un dessin animé. Diffusée par Netflix en cette fin d'année 2018, la série humoristique animée américaine se classe dans la même catégorie que de nobles prédécesseurs comme South Park ou American Dad. Mettant en scène une brigade de Police dans le petit, mais non moins calme, village de Paradise, la série met en trame une enquête pour débusquer le fameux dealer de metjakar qui arrose toute la ville.
Des personnalités développées
L'enquête est menée par une équipe de bras cassés composée de :
- Randall Crawford, le chef de la police. Un eunuque dont il n'a de chef que le nom. Personnage parmi les plus drôles de la série, si ce n'est le plus (ça l'est pour moi), Randall se démarque par un humour cru et une pointe de racisme et de misogynie assez bien dosée pour ne pas tomber dans la caricature.
-Kevin Crawford : Il est le fils du divin loser qu'est le chef de police Randall. D'abord peint comme un kéké sans cervelle après avoir explosé les testicules de son paternel avec un glauque à l'age de 8 ans, il devient peu à peu le leader de l'enquête et prouve à son entourage ses capacités. Ce n'est pas une lumière mais au milieu de cette équipe, il est Einstein.
- Bullet, le chien Junkie : Un chien qui parle, un camé, un combattant d'arène, un chef. De tous ces qualificatifs, le plus ressemblant reste le deuxième. Avec un penchant un peu trop prononcé et assumé pour la drogue, Bullet est le genre de chien qui tue par overdose la totalité de ses amis canins après une fête trop arrosée qui pourrait rendre jaloux les plus grandes rock star. Bullet est aussi ce chien qui le temps d'une journée en tant que chef, transforme le commissariat en boite de strip-tease. Un gars sur.
-Dusty : Le gros mais gentil Dusty qui est plus doué pour servir de fond vert avec son slip, plutôt que de résoudre une affaire
-Gina : Caricature du garçon manqué qui intègre la police, ce personnage va jusqu'au bout du cliché avec une maladie mentale qui la pousse à frapper sur tout ce qui bouge, et par la même occasion à être amoureuse de Dusty. On ne peut que saluer les show runners pour être aller au bout du personnage et ne pas naviguer dans du politiquement correct.
-Gerald : le flic black cool, mais tellement cool qu'il est contre la violence et souffre de stress post traumatique.
Un flic raciste, un autre cool, une bourrin, un camé, un gros qui ne bouge pas de sa chaise, tous les clichés, certainement voulus, sont réunis pour former la pire brigade des États-Unis. Nous pouvons également apprécier le développement des personnages secondaires, comme les deux mafieux campagnards à fond dans leur personnage de redneck, ainsi que le vieux et presque sénile policier gay de la brigade, à moitié fou mais toujours lucide pour obtenir des faveurs en nature quand il le souhaite.

Une construction linéaire et pensée qui ne sombre pas dans une grossièreté facilitatrice
L'avantage avec ce genre de série c'est que dés la scène d'introduction, on sait si la série va nous plaire ou non. Voir le père perdre ses partis au bout de deux minutes, et par la même occasion sa virilité, ça met dans le bain.
Ce dont j'avais peur en voyant la série était une succession de vannes sans enjeux, avec des épisodes individuels et sans cohérence avec le précédent. Force est de constater que pendant dix épisodes l'humour est gras, mais diversifié selon les personnages, et surtout que l'enquête nous amène à étudier tous les personnages comme de potentiel parrain de la drogue.
Cependant, la série peut souffrir d'une lourdeur trop importante qui ne permet pas de tenir plus de deux épisodes. Une heure de blagues beaufs, ça peut être drôle, mais je vous déconseille d'aller plus loin sous peine de faire une overdose et de voir le show comme un navet vulgaire.
Chaque épisode est bien construit avec des dessins de qualité, même si on ne comprend pas toujours l'acharnement des réalisateurs sur Dusty qui mange des pigeons ou encore sur les hommes nageoires. Une seule vanne sur ces séquences aurait été largement suffisant. Les couleurs comme les mouvements des personnages sont très esthétiques et se rapprochent de très prés à ce qui se fait de mieux en terme graphique d'animé (hors manga) en 2018.
J'ai également un faible pour les voix françaises des personnages. Même si le vieux parle dans sa moustache et que l'on ne comprend que la moitié de ses phrases, et c'est parfois tant mieux, les voix enfantines ou autoritaires des personnages renforcent leur personnalité et leur coté burlesque.

Le ridicule au service de la pop-culture
Personne n'est épargné dans la série et chaque classe y prend pour son grade : les gros, les cons, les clodos, les beaufs, les geeks, les bourrins, les drogués, les gays, les catholiques. Même certaines personnalités sont victimes de tacle à la gorge comme Mike Tyson, Donald Trump ou Mel Gibson.
Moins politisée que d'autres séries d'animations, paradise police se différencie par un humour toujours plus trash et ridicule mais souvent un peu trop porté sur le pipi-caca. Le scénario est plat avec une enquête qui n'avance pas et un final facilement inimaginable. Toutefois, cela est compensé par un rythme effréné qui ne redescend jamais, ou un moment gore est vite remplacé par un fou rire.
La série peut être lue comme une satire de la société et surtout de la police américaine, faite de divisions et de faits divers grotesques plus souvent relayés par les médias que les bonnes actions. Une société dans laquelle la division entre beauf et bobo est marquée au fer rouge sans juste milieu. Une société toujours imprégnée de l'American dream (ou plutôt de sa satire), ou respectivement un clochard, un handicapé, un clown et des siamois peuvent devenir flics.
Les réalisateurs jouent de ces clichés et nous proposent une série qui se regarde facilement et sans prise de tête. On attend avec impatience la saison 2 pour replonger dans cet univers farfelu de la pire police des États-Unis, avec toujours autant de blagues, mais on l'espère, moins de gore.
Scénario: 4,5/10
Ambiance 8/10
Personnage: 9/10
Note globale: 7/10
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